Sarah

1989

Je travaillais alors à Londres.
Enfin ... je travaillais pour l'INTERFEL, étais basé à Londres et, équipé d'une série d'anneaux de calibre connu et certifié, j'écumais les marchés de gros du Royaume Uni à la recherche de pommes de petite taille.
Car c'était le mal les pommes de petite taille : il ne fallait plus que la France en expédie, et surtout pas sur ce marché qui en était traditionnellement demandeur.

J'étais investi d'une mission !
Y a des métiers, comme celui ci, t'es content de les avoir faits au moins une fois dans ta vie.

A l'époque, ce qui me plaisait avant tout (enfin à part le salaire qui était des plus confortables) c'est que j'habitais à Croydon.
Oui, Croydon : là même où vivait le Barion Méliadus ; les fans de M. Moorcock apprécieront l'évènement à sa juste valeur (les autres aussi d'ailleurs, mais peut-être pas avec le même résultat ....).

C'est également là, avec les personnels du service économique de l'Ambassade de France, que je goûtais mes premiers vins Bulgares.

Puisqu'à l'époque je vivais avec une britannique (moitié écossaise, moitié anglaise : on ne le dira jamais assez, ce qui fait mal à la tête c'est les mélanges !) j'étais basé à Londres et elle à Paris.
La routine, quoi.

D'autant plus qu'elle était enceinte.
Rentré à Paris pour la toute fin novembre et la dernière visite au gynéco je retournais à Croydon et mes pommes avec l'assurance que la grossesse irait à son terme : fin décembre, voire début Janvier.

Forcément, quelques jours après mon retour, dans la matinée du Jeudi 7 Décembre 1989, l'Ambassade de France me joignait je ne sais plus ni comment ni où pour m'annoncer que ma future ex était dans un taxi à destination de la maternité Port Royal ...

Je fonçais donc vers l'aéroport le plus proche (était ce Gatwick ou Heathrow ??), y convainquais le guichetier de me vendre une place sur le premier avion pour Paris (avec une carte bleue et un compte provisionné, je suis super convaincant, peut-être aussi en expliquant la situation ...).
On me conduisait illico et à toute vitesse vers un avion sur le départ, avion que j'attrapais au vol sous les applaudissements généraux (une annonce avait visiblement été faite pour expliquer cette légère attente ...).


Lors du vol les hôtesses, forcément prévenues, furent aux petits soins et m'abreuvèrent généreusement de toutes sortes de boissons alcoolisées et, lorsque que je quittais le bord, en état d'ébriété avancé, elles remplirent les poches de mon duffle-coat (ben oui : j'étais basé à Londres ...) de multiples quarts aviation du rouge du jour : un Fronsac, le Château Magondeau (1987).

Un taxi plus tard j'arrivais à Port Royal, avec un léger mal de tête et un gros retard.







Depuis, il me reste donc l'une de ces bouteilles de Magondeau.
Magondeau, c'est encore un de ces vins que je n'ai jamais re goûtés ... et dont je suis bien incapable de dire à quoi il peut bien objectivement ressembler.

Quoiqu'il en soit de sa qualité passée (car pour la qualité présente j'ai un gros doute !), cette dernière bouteille trône invariablement sur tel ou telle des mes bureau ou bibliothèque.



C'est d'ailleurs son seul avenir car pour 1989, côté vin (à boire je veux dire !), je ne suis pas allé vers Magondeau mais vers Suduiraut d'une part, et Blanche de Bosredond d'autre part ... et j'ai du mal à croire que ce n'était pas le bon choix (n'en déplaise à ce cher Magondeau).

Suduiraut et Blanche de Bosredon (1989) aussi il m'en reste (un peu) mais, en revanche, çà ne finira pas sur une étagère de bibliothèque ...








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