J'etais oenologue conseil (Saint - Christoly / 1 : Clos Manou)




J'étais œnologue conseil, donc.
En Nord Médoc, surtout.
Avec de beaux terroirs, parmi lesquels ceux de Saint-Christoly.
Avec de beaux vignerons aussi, parmi lesquels ceux de Saint-Christoly.
J'en suivais 4 à Saint-Christoly, et les premiers ont été au Clos Manou : Françoise et Stéphane Dief ?
Y a pire ! (enfin, un peu de pression, quand même ...).

Forcément le taf commence dans les vignes.
Y en a quelques hectares.
18.




Le vignoble du Clos Manou, quand tu l'arpentes (avec Stéphane Dief) tu vois que du rang étroit sur les beaux terroirs de Saint-Christoly (et de Couquèques).
Tu y vois surtout un jardin à la française avec des raisins à la pendouille, impeccablement alignés et effeuillés au pied à coulisse.
C'est pas dur de reconnaître les vignes du Clos Manou !
.


Là, fatalement, tu te rends compte que c'est pas gagné ton taf de conseil : à part dire que c'est bien, voire très bien, et envisager de vérifier le programme de maintenance du pied à coulisse, tu te demande ce que tu va bien pouvoir dire et suggérer !?
Alors rester en retrait.
Éventuellement demander à jeter un œil, pour le plaisir, sur la parcelle de Merlot 1850 : oui, 1850.
C'est pas le nom du lieu-dit hein ? c'est l'année de plantation. Oui,  on doit pouvoir les qualifier de vieilles vignes (j'ai un magnum de Manou 1850 - du millésime 2011 - qui attend patiemment que je le sacrifie. Ca risque être long.).

Les autres vignes sont du genre vieux aussi, pas aussi vieux mais tout de même ... (on est dans les 40 ans de moyenne !).





Ce 7 Août 2014, puisque je n'étais plus leur œnologue conseil c'était plutôt confortable car, comme d'hab, je n'aurais pas eu des masses de conseils à donner. Juste à observer ... et tout au plus proposer l'heure à laquelle je pensais que la lumière serait plus sympa, pour les photos.
Un peu comme en conseil œnologique quoi : faire du partage d'expériences et s'assurer, ensemble, qu'on a bien trouvé ce petit truc en plus qui pourrait mieux rendre justice aux vignes et aux raisins.
On était d'accord, avec Stéphane Dief : ce fut donc la fin d'après midi.



Dans quelque temps, plus tard, il y aurait bien entendu eu à veiller sur les raisins. A les suivre, surtout à suivre l'évolution de leur maturité, puis échanger sur la possibilité et l'intérêt d'attendre encore, pour faire mieux.
Ou pas.
Pas trop, pas encore plus.
Mieux.
"Seulement" mieux.

Mieux ...

Mieux comme, par exemple, avec le (second) tri du Petit verdot, en 2013.

Ils sont beaux, ces Petits verdots.

Le reste aussi hein ?
bien sûr.
Mais le Petit verdot, s'il est un cépage intéressant, est aussi un peu compliqué, parfois ...

Là il était beau.
Très.


Bref, le travail d’œnologue conseil au Clos Manou, j'ai trouvé qu'il ressemblait finalement beaucoup à du pointillisme : tu va clairement pas changer quoique ce soit.
Juste intervenir - ou pas - à la marge d'un projet de création aussi longuement mûri que les raisins sur lesquels il se fonde.

Du pointillisme, le genre de processus au cours duquel tu t'assure que les couleurs sont bien pures et complémentaires.
Et forcément elles le sont, pures et complémentaires.

Alors dégustation, pré assemblage et assemblage sont finalement assez faciles. Enfin pas tant que ça : il faut quand même écarter des lots pour le second vin.
Bon j'exagère un peu.
A peine.
Juste à peine : le second vin est vraiment très bon.


L'effet de l'exigence au quotidien.

Du coup, je n'intervenais qu'à la marge. Et même à la marge de la marge.
Si tant est que le mot "intervenir" ait ici un sens !? Le projet est tellement pensé, tellement mené à bien dans le moindre détail que tu ne peux qu'être anecdotique.
Ce doit être un genre d'escroquerie de se dire œnologue conseil, .

D'autant que des fois il y a eu des surprises.
Il y en eut une, récemment. Une qui, à l'avenir, m'évitera de ricaner sous cape ... en me trompant.


Ce doit être ma dernière dégustation de Clos Manou, comme œnologue conseil je veux dire.
Et c'est cool quand t'es œnologue conseil et que c'est ton client qui t'apprend un truc ! enfin pas sûr que ce soit partagé par tous mes confrères, mais moi je trouve que ça l'est, cool.
Là, j'avais une grosse idée préconçue à propos de cette dégustation d'un même lot élevé pour partie dans des œufs.
L'influence de l’œuf, n'en déplaise à Valérie B. (c'était son mémoire de DNO je crois, les cuves ovoïdes !?), j'avais comme un gros doute.

Paf : ça n'a pas raté !
Le lot élevé dans la cuve ovoïde était plus plein, plus ample, avec plus de profondeur.
Encore plus de profondeur, ça va sans dire.

Bien sûr en toute rigueur il faudrait voir après, plus tard, fin d'élevage mais aussi dans 2 ou 3 ans ce que sont devenues les différences. Un truc cartésien, quoi.
N'empêche : y avait une différence.
Sensible !
D'autant plus sensible que je goutais avec un a priori qui faisait plus craindre l'effet nocebo que le placebo !
(Penser à faire amende honorable auprès de Valérie !)

Sinon, le Clos Manou, j'en parlais - entre autres sujets - là :
http://vitineraires.blogspot.fr/2012/04/des-hommes-leurs-vins-du-roquefort-et.html

Je ne m'étends donc pas davantage, d'autant que si aujourd'hui je continue à en parler ... c'est sans oublier d'en boire.

Et le 11 Juillet dernier, ce double magnum du Clos Manou 2009 était une bien belle bête .

Premier nez un peu fermé, bien sûr. Dès qu'il s'ouvre, il est très plaisant, de fruits noirs et d'épices douces. Un boisé fondu, discret, qui soutient le vin. Bel élevage.
Forcément.

Ça attaque en rondeur. Du volume, une remarquable structure. Tanins présents mais en beauté. Profond.
Très long en finale. De fruit et d'épices, à nouveau, avec un chouia de réglisse.
Superbe équilibre.
Les quelques bouteilles qui sommeillent dans ma cave vont y rester encore longtemps ...


Ce sera d'autant plus facile de les attendre que le Petit Manou 2011 s'est très ben goûté il y a quelques jours ! (avec un aligot saucisse, c'est de saison !) ... et que derrière il y aura les Petit Manou 2012 qui viennent d'entrer en cave !



(Nota sur le repas du 11 juillet :
- le Grand Vin de Reignac, en 2010, était très joli aussi. Bien que fort jeune. Ainsi que les quelques autres bouteilles !
- et la viande était juste parfaite : un beau morceau de paleron, sorti de chez "les éleveurs girondains", avec un choix de maturation fait par Françoise Dief. Forcément : pas d'approximation.
Ce repas, j'en parlerai probablement plus tard, ailleurs sur ce blog.)
Et Reignac j'en parlais déjà là, avec de la mimolette mais aussi un peu là, en quelque sorte.


Sinon il y a aussi du rosé au Clos Manou.

Le genre qui fait 14 volts et qui donc, bien que typé Sud Est, n'en est est pas moins un vrai rosé de table.

(à côté c'est le blanc de Guillaume Poitevin, et c'est bien aussi !)




Tout çà pour dire que le métier d’œnologue conseil, tel que je le conçois, n'a pas que des avantages : longtemps je me suis interdit de parler - enfin écrire surtout - à propos des vins dans lesquels j'étais impliqué.
Même qu'un peu. Même qu'à la marge.

C'est un peu pour la même raison (mais certainement pas la seule) que j'avais laissé LPV derrière moi : il m'était difficilement concevable d'y traiter des vins que je suivais quotidiennement ... et impossible de continuer à polémiquer avec certains dont je voyais, tout aussi régulièrement, passer les vins ou les vignes.
Même sous mes seules initiales ... les mêmes que celles que j'utilisais pour signer mes commentaires de bulletins d'analyse.

C'est maintenant une époque révolue et cette liberté est bonne à retrouver : du coup il y aura probablement d'autres chroniques sur tel ou tel couple producteur / vins.
A Saint Christoly par exemple.


Quoiqu'il en soit : les cuves du Clos Manou je les verrai, maintenant, différemment .... en particulier les cuves ovoïdes qu'il faudrait retourner photographier : les clichés ne sont pas satisfaisants.
Et pas satisfaisant, au Clos Manou, c'est juste pas possible.




Le site du Clos Manou

et

le site des éleveurs girondins


Bon, bien sûr, c'est
à consommer avec modération.
L'abus d'alcool est dangereux pour la santé.
et la consommation d'alcool est interdite aux mineurs de moins de 18 ans.

On connait tous la chanson.
En même temps se prendre une cuite au Clos Manou ce serait laid.

Sinon, comme d'hab :
les photos sont miennes (celles du Clos Manou !), alors on
est gentil et on ne se sert pas !

Commentaires

  1. oops ... je m'ais trompé on dirait !?
    En effet, Valérie me fait par ailleurs remarquer ce qui suit :

    "il est important de rectifier la vérité : mon rapport de DNO n'a jamais été sur les cuves ovoïdes. J'ai simplement contribué , par mes fonctions de responsable labo R&D en 1999 chez M CHAPOUTIER à poser l'enveloppe Soleau puis le brevet. Étant partie de cette maison en 2000, je n'ai malheureusement jamais pu vinifier avec. Quelques un de mes clients l'utilisent mais de façon assez empirique, je n'ai jamais vérifié de mes 'propres yeux' les bienfaits sur un vin témoins / essai."

    Voilà, voilà, voilàààà ...

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