Alison et les Canon






C'était jeudi dernier, le soir, et j'avais proposé à ma fille - celle qui picole - de m'accompagner à une verticale de Château Canon (Saint Emilion 1er Grand Cru Classé B), donc en quelque sorte à boire des Canons. 
Le truc était organisé par et à Max Bordeaux Gallery, un lieu que j'avais découvert il y a presque pile poil un an à l'occasion d'une jolie verticale de Palmer.

Ils sont cool à Max Bordeaux : ils m'ont encore photographié en pleine action (par contre l'angle de prise de vue est moins cool. Monde cruel).

Au préalable nous avons eu un topo sur Canon, sa vie, son œuvre. Plutôt sympa, quand bien même les infos données sur le classement de Saint Emilion, son principe et son actualisation tenaient plus du monde merveilleux des contes pour enfants (en bas âge) que de la réalité.
Jetons en outre un voile pudique sur la guéguerre avec la rive gauche et la pique sur ses Crus Classés qui "achètent une exploitation voisine pour aussitôt en faire du Grand Vin". Il suffit de regarder ce qui se passe à Latour pour "nuancer" ce propos. Pique délicieuse, surtout si l'on regarde l'histoire récente de Canon et son rachat de Matras (Saint Emilion Grand Cru) en 2011, avec deux parcelles de Matras qui passèrent en 1er GCC B dans la foulée (sans compter que j'ai cru comprendre qu'il y avait une certaine proximité entre Canon et Rauzan-Ségla ...).
En soi c'est pas scandaleux, mais le parallèle est amusant (surtout pour moi qui garde une affection coupable pour Matras et, donc, V Gaboriaud).

Bref, et les vins ?

La séance à commencé par le second vin de Canon, vinifié dans l'église qui servit de chai à Matras, à partir des parcelles rachetées à Matras. Il s'agissait du 2011, donc le premier millésime de Croix Canon (85% Merlot noir, 15 % Cabernet franc). Belle robe rubis intense et jeune. Au nez, on devine du fruit malheureusement écrasé par un boisé outrageant. En bouche l'attaque est ronde, il y a de la matière, mais là aussi l'élevage est massif ce qui, associé à une importante fraîcheur, rend la finale bien trop sèche.
Autant dire que c'est pas l'extase et que je regrette amèrement Matras (penser à donner une bouteille de son 2010 à ma fille qui, je n'en doute pas un instant, saura le carafer dignement).



Vient alors Canon (2009 : 75 Merlot noir, 25 % Cabernet franc).
Là aussi une belle robe profonde. Nez déjà plaisant et ouvert sur les fruits noirs, des notes florales et un joli boisé épicé. Bouche ronde, de bonne ampleur, beaux arômes de bouche et structure de qualité avec une longue finale fruité épicée. Là aussi de la fraîcheur et un élevage marqué, mais l'une et l'autre sont bien intégrés.



Après je comprends plus très bien : on nous envoie le chorizo et le saucisson !?
Franchement : déguster du vin avec une assiette de chorizo transpirant sous le nez ...
Attention : je ne remets en cause ni la présence des charcuteries (plus tard nous aurons aussi des fromages), ni leur qualité (je remets d'autant moins en cause cette qualité que je n'ai touché ni aux charcuteries ni aux fromages) ... mais "seulement" le timing qui a prévalu à leur service.
Revient alors le temps du vin, avec Canon (2006 : 70 Merlot noir, 30 % Cabernet franc)
Robe profonde, de belle intensité, dont la frange commence à tuiler.
Nez intéressant avec sa pointe de truffe, et de cuir complétée par  un côté fruits noirs murs et épices douces.
La bouche a une belle structure et, là encore, un squelette acide présent mais bien intégré qui permet au vin de rester équilibré.
Pour autant, à mon goût personnel (et à mon immodeste avis) : je doute qu'il m'apporterait significativement plus de plaisir en étant attendu encore longtemps.



Puis Canon (2005).
Robe rubis intense, à la frange encore jeune.
Nez complexe et expressif où se mêlent fruits noirs, prune, des notes de cuir et un boisé noble. La bouche ronde, avec une très belle matière : il y a de la puissance, sans dureté, avec de la maturité pour un vin équilibré et harmonieux. C'est franc, mûr et élégant et c'est clairement mon préféré de la soirée !



2005
mon préféré ... car ce n'est pas Canon (2001) qui, pour moi, va changer la donne !
Sa robe est tuilée, son nez de truffe, cuir, tabac indique qu'on est clairement sur le tertiaire.
En bouche il y a bien sur une jolie matière et c'est plutôt fin, élégant et équilibré ... mais c'est quand même monté léger et, me semble-t-il, sur la pente descendante. Ce qui me semble arriver bien tôt pour un 1er B en 2001.
Pas mon truc, quoi.


Comme d'hab, si vous vous décidez à boire des canons de Château Canon, gardez à l'esprit que :

l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération.

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